Celui qui touche une fleur effleure une étoile
PATANJALI
Les Yoga Sutras de Patanjali sont un ensemble de 195 sutras (aphorismes) groupés en quatre chapitres (padas) qui exposent l’enseignement du Yoga. En fait il s’agit de plusieurs enseignements qui représentent des différents Yogas. D'aprés T.K.V.Desikachar, Patanjali aurait eu 4 élèves ; chaque chapitre correspond à l'enseignement particulier pour chacun de ces élèves.
Le texte ici proposé est la version d' Yves Mangeart, avec quelques modifications mineurs.
SAMADHI PADA I
1 Voici maintenant l’enseignement du Yoga
2 Le Yoga est la suppression des vagues du mental (chitta-vritti-nirodha).
3 Alors le Témoin est établi dans sa nature essentielle
4 Sinon il s’identifie aux vagues
5 Les vagues dans l’esprit sont de 5 sortes, pénibles ou agréables
6 Ce Sont :
La connaissance juste 7 La connaissance juste est basée sur
les perceptions directes, les déductions,
ou les témoignages
La connaissance erronée 8 La connaissance erronée est une
fausse conception ou perception
qui ne correspond pas à la réalité objective
L’imagination 9 L’imagination se construit à partir
d’images mentales dépourvues
d’objectivité
et vide de substance
Le sommeil 10 Le sommeil est l’absence de
conscience du contenu mental
La mémoire 11 La mémoire est la faculté de retenir
et conserver les perceptions vécues
12 Leur suppression se réalise :
Par une pratique persistante 13 La pratique est un effort pour
rester dans l’état
(Abhyâsa) (de chitta-vritti-nirodha)
14 Cet état s’installe solidement
quand l’entraînement se poursuit
avec ferveur et sans longue interruption
Et par le non-attachement 15 Celui qui a cessé de s’identifier à ses désirs,
tant matériels que spirituels
(Vairâgya) devient conscient de sa maîtrise et réalise le non- attachement
16 Dans cet état ultime se dévoile la Conscience-Témoin (Purusha)
et il n’y a plus la moindre soif pour les Gunas
17 Samprajñata Samâdhi est réalisé quand la fusion s’appuie sur Vitarka (connaissance mélangée) Vichâra (c. plus subtile) Ananda (joie profonde) Asmita (le « qui-suis-je ? »)
18 Asamprajñata Samadhi survient par la pratique du premier, quand le point d’appui (Pratyaya) est abandonné, les samakara (dynamismes inconscients, pulsions) demeurant dans une condition latente
19 Certains être ont la capacité d’entrer facilement dans l’état de Samadhi : ceci, acquis à la naissance,
représente le fruit d’une évolution antérieur à cette vie
20 L’état de Samadhi, pour tous les autres êtres humains
est la conséquence d’une foi intuitive
d’une volonté indomptable
d’un haut niveau d’éveil de la conscience
du fait de tirer partie des expériences (Smriti)
21 L’état de Samadhi est plus proche de ceux dont l’élan est intense
22 Il y a aussi des différences selon les moyens employés :
doux, moyens, puissants
23 Ou par Ishvara-pranidhana (= l’état de Samadhi peut également être atteint en s’en remettant complètement à Ishvara)
24 Ishvara (Etre, Purusha cosmique) est indépendant des lois du karma (cause à effet) libre des klesha (sources de tourments) et n’est pas impliqué dans le cycle de l’évolution
25 C’est en Ishvara que se trouve le principe de la connaissance
26 Non conditionné par le temps, Il est également le gourou des Anciens
27 Le mot qui le manifeste est AUM ( le Pranavah)
28 Sa répétition (Japa) se pratique en demeurant dans son sens profond (Artha)
29 De cela découle le retournement vers la source de la conscience
et la disparition des obstacles
30 Les obstacles qui causent la distraction de l’esprit (chitta-vikshapâh) sont :
La maladie
La langueur (état tamasique)
Le doute (manque de confiance en soi)
La négligence (manque d’assiduité dans l’action)
La paresse
La soif pour les objets du monde
L’illusion (prendre pour essentiel ce qui est relatif)
L’instabilité (manque de continuité, ne pas être centré)
L’impatience (bâcler des étapes)
31 Les symptômes de l’état des distractions (dispersion) sont :
la souffrance psychique (Duhkha)
le désespoir (dépression)
la nervosité
la respiration courte
32 On les élimine par la pratique persistante (Abhyâsa) d’une seule vérité (Tattva : principe essentiel, voie)
33 L’esprit est purifié
en adoptant une attitude faite de compassion, d’amitié, de joie
et de rayonnement intérieur, face au bonheur comme à la souffrance, à la vertu comme au vice.
34 ou par l’expiration et la suspension du souffre
35 ou par le développement des perceptions très subtiles qui établit la stabilité du mental (Manas)
36 ou par le vécu intérieur d’ambiances calmes et lumineuses
37 ou l’esprit inspiré par ceux qui sont libres d’attachement (par les sages)
38 également en s’appuyant sur la connaissance tirée des rêves et du
sommeil (nidrâ)
39 ou en utilisant sa technique de méditation (dhyâna) préférée
40 Quand on peut se concentrer du plus petit atome jusqu’à l’infiniment grand, on a la maîtrise
41 Celui qui a réalisé un contrôle presque parfait des Chitta-vritti réussit à faire fusionner (Samâppatti)
Le Connaisseur, la connaissance et le connu, comme le cristal s’imprègne de la couleur qui l’entoure
42 Le Savitarka Samâdhi est un état de fusion investigatrice de la réalité
Où l’on mélange encore le mot (Shabda)
la connaissance (Jnana)
la connaissance profonde(Artha)
43 Le Nirvitarka Samâdhi apparaît quand, la mémoire (Smriti) purifiée,
survient le vide de la pensée dans sa forme (Svarûpa)
seule brille alors la connaissance profonde (Artha) de l’objet
44 Savichara et Nirvichara (réalité intérieure, réflexion) se trouvent ainsi expliqués :
ils s’appliquent simplement à des niveaux plus subtils
45 Ces premiers Samâdhi s’étendent jusqu’à Alinga (sans empreinte, sans marque) dernier stade des 3 gunas
46 Toutes ces précédentes étapes concernent les Samâdhi « avec germe » (Bija)
47 Quand est réalisée la plus complète pureté du Nirvichara Samâdhi
(Le yogi) se trouve au seuil du soi (Adhyyâtma)
48 A ce niveau la conscience (Prajña) est vérité et justice
49 Le savoir fondé sur les déductions ou les témoignages
est différent de la connaissanc profonde (Prajna)
Parce qu’il se limite au particulier
50 Le samskara (dynamisme inconscient) qui ressort de cet état
triomphe de tous les Samskara
51 Nirbija Samâdhi (« sans germe ») apparaît en supprimant même cela
puisque toutes les vibrations sont éteintes.
SADHANA PADA II
1 La pratique du Yoga comporte : Tapas (échauffement, accélération pour un changement d’état)
Svadhyaya (étude de soi, de sa vraie nature en relation avec les textes sacrés)
Ishvarapanidhana (abandon, ouverture à Ishvara, l’Etre cosmique)
2 La pratique du Yoga a pour but d’atténuer les Klesha (source de tourments)
et de faciliter l’état de Samâdhi
3 Les 5 sources de tourment sont :
Avidya (ignorance) 4 L’ignorance est la cause des 4 autres sources de tourments
qu’elles soient en germes, faiblement stimulées pleinement actualisées ou provoquées par d’autres sources
5 L’ignorance c’est prendre le passager pour l’Eternel, la souffrance pour la Joie, l’impur pour le pur, le non-Atman
pour l’Atman (le moi pour le soi)
Asmita (petit moi) 6 Le « petit moi » est l’identification de la
Conscience- Témoin (Purucha) avec la conscience- connaissances (Buddhi)
Raga (attraction) 7 Raga (désir, attachement) dérive directement du plaisir (Sukka)
Dvesha (répulsion) 8 Dvesha (aversion, répulsion) dérive directement de la douleur (Dukkha)
Abhinivesha 9 L’appétit de vivre est comme une force autonome qui domine même celui qui sait beaucoup
10 Sous leurs formes subtiles elles peuvent être abolies par leurs contraires
11 Sous leurs formes actives elles doivent être supprimées par la méditation (Dhyâna)
12 Le réservoir des karmas (constitué par les Samskara) enraciné dans les sources de tourments amène toutes sortes d’expériences dans la vie présente et les futures
13 Tant que la racine existe, elle croît et produit types, longueurs et expériences de vie
14 Ils ont la joie ou la douleur pour fruits selon que leur cause est vertu ou vice
15 Celui qui a commencé à développer son pouvoir de discernement traverse une zone de misères (Dukkha) due aux transformations, à la peur, à la remontée des Samskara (pulsions inconscientes) et aux conflits vis-à-vis des Vritti et des Gunas
16 La souffrance (Dukkha) non encore manifestée doit être évitée
17 La cause à éviter est l’identification du témoin avec le Monde tel que nous le voyons (du voyant et du vu)
18 Le Monde tel que nous le voyons (le vu) est la relation entre les organes des sens (Indriya) et les éléments de la matière (Bhûta) sous la triple modalité de la luminosité, de l’activité et de la stabilité. (Les gunas)
Il a pour but l’expérience et la libération (pour le Purusha)
19 Les étapes des Gunas sont le particuliers, l’universel, le différencié et l’indifférencié
20 Le Témoin est pure Conscience, mais quoique pur, il semble voir à travers le contenu mental
21 Le Monde tel que nous le voyons n’existe que pour le Témoin
22 Il perd toute importance pour celui qui atteint le but, mais continue d’exister pour les autres
23 Le but du tandem Purusha-Prakriti est la reconnaissance par le Purusha de sa nature essentielle
24 L’ignorance (Avidyâ) en est la cause
25 Son élimination est le remède : elle amène la disparition du tandem et la libération du Témoin
26 La pratique incessante de la conscience du Réel est le moyen de l’éliminer
27 Parvenu à ce stade, la conscience s’ouvre sur 7 étapes
28 Par la pratique des exercices ordonnés du Yoga, l’impureté est détruite
et l’éveil à la connaissance de la réalité se produit
29 Les parties constituantes du Yoga sont au nombre de 8 Yama, Niyama, Asana, Pranayama, Pratyahara, Dhârana, Dhyâna, Samâdhi
33 Lorsque des pensées troubles et indésirables nous oppressent demeurer dans des ambiances mentales opposées.
34 Les pensées et les émotions indésirables, les paroles ou les actions violentes, qu'elles soient causées par d'autres, par soi-même, ou tolérées,
qu'elles soient causées par l'avidité, la colère, la désillusion,
qu'elles se présentent à l'état faible, moyen ou intense,
aboutissement à une souffrance (Duhkha) et à une ignorance (Ajñana) sans fin (ananta). C'est pourquoi il y a lieu de demeurer aux opposés.
30 Yama comprend
Ahimsâ 35 celui qui est fermement établi dans la non-violence,
aboli toute réaction d'agressivité autour de lui
Satya 36 Celui qui est fermement établie dans la vérité
connaît d'avance le résultat de ses actions
Asteya 37 Toutes les richesses possibles se présenteront
à celui qui est fermement établie dans l'honnêté
Brahmacharya 38 Celui qui a réalisé la maîtrise sensorielle
obtient une vitalité infinie
Aparigraha 39 celui qui est fermement établi dans le détachement matériel perçoit le pourquoi et le comment de l'existence
31 Observer les 5 yama au-delà de toutes circonstances de lieu, de temps, de statut social, d’événement et à travers toutes les étapes constitue le grand vœu
32 Nyama comprend
Shausha 40 la propreté physique procure la protection du corps et l'isolement
du milieu
41 de la pureté mentale nait une clarification du Sattva,
un esprit plein de joie, un objectif unique, le contrôle des Indriyas
(des sens)
et l'aptitude à la vision de l'Atmâ (du soi)
Santosha 42 du contentement nait un bonheur insurpassable
Tapas 43 de l'ardur de l'effort sur soi résulte la destruction des impuretés et un parfait contrôle du corps et des Indriya amenant les Siddhi (possibilités)
Svadhyaya 44 L'observation de soi amène avec l’union avec l'Ishta-Dévata
(la divinité d'élection)
Ishvarapranidhana 45 Samâdhi survient à qui s'abandonne à Ishvara
ASANA 46 La posture est stable et agréable (Sthira Sukham Asanam)
47 grâce à l'abandon de l'effort
et en fondant son esprit (Samâpatti) sur l'infini (liaison aux sources)
… ou dans le principe de stabilité (le serpent Ananta qui soutient
la terre)
48 d'où plus d'agression des paires d'opposés
PRANAYAMA 49 Ceci réalisé, vient le pranayama qui est cessation de l'entrée et de la sortie du souffle
50 Rétentions externe, interne ou arrêt total
dosés selon le lieu, le temps et le rythme
amène le souffle prolongé et subtil
51 En allant au-delà du domaine de l'inspir et de l'expir, on est dans le 4ème
52 Alors le voile qui masque la lumière disparaît
53 Et le mental devient apte à la concentration (Dhârana)
PRATYHARA 54 Pratyhara (déconnexion, désintêret) est la capacité de déconnecter le mental de tout stimuli en provenance du monde extérieur à travers les sens
55 alors se réalise la totale maîtrise sensorielle.
VIBHUTI PADA III
DHARANA 1 Dhâranâ (concentration) est la fixation (Bandha) de l'esprit (Chitta) en un lieu (Desha)
DHYANA 2 Un flot continu de conscience (Pratyaya = contenu mental en ce (lieu) est Dhyâna (méditation)
SAMADHI 3 Cet état devient Samâdi (transe) quand la connaissance profonde (Artha) brille seule comme si on était vide (Shûnyam) de sa propre forme (Svarupa)
SAMYAMA 4 les 3 ensembles constituent Samyama
5 de sa maîtrise jaillit la lumière de l'intuition (Prajna)
6 son emploi se fait par étapes
7 les 3 sont internes par rapport aux précédents
8 Le Sabîja Samâdhi (qui se rapporte aux domaines de Prakriti)
est externe vis à vis du Nirbîja Samâdhi (sans semence)
9 Nirodha Parinama (le processus de vide) est l’imprégnation de l’esprit (Chitta)
par l’état de vide (Nirodha, suppression) entre des samskara (dynamismes inconscients) qui sortent et disparaissent
et l’apparition d’autres (samskara) latents.
10 Son flot devient paisible par un samskara (= un dynamisme qui conduit à l’état de vide)
11 Samâdhi Parinama (le processus de samâdhi) s’obtient par des variations de l’esprit (Chitta) qui amène l’Ekagrata (fixation sur un point) à la place du mental dispersé 12 Ekagrata Parinama (le processus d’Ekagrata) consiste donc à garder des pratyaya (contenus de l’esprit) identiques entre celui qui est manifesté et celui qui est latent.
13 Par là sont expliqués les processus (Parinama) de forme, de temps et d’état par les Indriya (les sens) en relation avec les Bhûta (éléments de la matière)
14 Le « fond des choses » est ce qui est commun à ce qui est potentiel,
latent,
ou manifesté
15 La cause de la différence des processus (Parinam)
s’explique par la diversité des rythmes (krama = idée de succession, de temps)
16 En accomplissant Samyana sur les trois processus (de forme, de temps et d’état) vient la connaissance du passé et de l’avenir
17 Le mot (Shaba), le sens profond (Artha) et le contenu de l’esprit (l’idée, Pratyaya) sont souvent mélangés et confondus,
par Samyama sur leur différenciation, on entre dans la compréhension du langage (Ruta = son) de tous les êtres vivants
18 Par l’observation des Samskara on entre dans la connaissance de la naissance précédente
19 (Par Samyama) sur le Pratyaya (contenu de l’esprit) d’un autre on entre dans la connaissance de son Chitta (esprit)
20 mais non de sa nature plus profonde, car ce n’est pas l’objet (du samyama)
21 Par Samyama sur la forme du corps, vient le pouvoir (Shakti) de suspendre la perception par séparation de l’œil d’avec la lumière : d’où résulte l’invisibilité
22 De même : disparition du son et des autres (Tanmâtra), comme il vient d’être dit…
23 Le Karma (loi de cause à effet) est en pleine action ou endormi
en accomplissant Samyama sur cela, ou sur les mauvais présages, on entre dans la connaissance de la mort
24 (Par Samyama) sur l’amitié et les autres vertus, viennent les qualités correspondantes…
25 ‘’ ‘’ sur les forces, vient la force de l’éléphant…
26 (Par Samyama)s’appliquant à éclairer les facultés sensorielles vient la connaissance de ce qui est subtil, caché ou distant.
27 Par Samyama sur le soleil vient la connaissance (Jñana) du système solaire
28 ‘’ ‘’ sur la lune vient la connaissance de l’agencement des astres
29 ‘’ ‘’ sur l’étoile fixe vient la connaissance du mouvement (des étoiles)
30 (Par Samyama) sur le cercle ombilical vient la connaissance de l’agencement du corps
31 ‘’ ‘’ sur le fond de la gorge vient l’apaisement de la faim et de la soif
32 ‘’ ‘’ sur la kûrma-nadi vient la stabilité
33 ‘’ ‘’ sur la lumière auréolant la tête, vient la vision (Darshanam) des êtres parfaits
34 ‘’ ‘’ sur l’intuition (Prâtibha) tout (peut être connu)
35 ‘’ ‘’ sur «le point source » (Hridaya, le « cœur » de la tête), vient la connaissance du Chitta (de l’esprit)
36 L’expérience (Bhogah) vient du fait de ne pas discerner le Purusha par rapport au Sattva (intelligence de la Buddhi) bien qu’ils soient absolument sans mélange :
Par Samyma sur l’intérêt pour le Soi (Svârtha), à l’exclusion de tout autre, vient la connaissance du Purusha
37 De là jaillissent l’intuition (Prâtibha), l’ouïe, le toucher, le goût, l’odorat (spirituels)
38 Sur la voie du Samâdhi ce sont des obstacles, dans la vie ordinaire ce sont des pouvoirs
39 En relâchant la cause du lien (Bandha) et en sachant effectuer la sortie,
Le Chitta peut entrer dans le corps d’un autre
40 Par la conquête d’Udana vient la lévitation, par laquelle on évite l’eau, la boue, les épines…
41 Par la conquête de Samana vient le feu digestif
42 Par Samyama sur le lien (Bandha) entre l’oreille et Akâsha (« tout est possible ») vient de l’ouïe supranormale
43 Par Samyama sur le lien (Bandha) entre le corps et Akâsha,
tout en s’identifiant (Samapatti) avec la légèreté du coton,
vient le déplacement dans l’espace
44 Par Samyama sur les Vritti extérieurs non conçu (dans le Chitta) vient Mahâvidehâ (la grande sortie du corps) par laquelle est détruite ce qui couvre la lumière
45 Par Samyama sur l’aspect grossier (Sthûla), la forme propre (Svarûpa), l’aspect subtil (Sûkshma), la cohérence (Anvaya) et la fonction, vient la conquête des Bhûta (les 5 modes dans lesquels les choses affectent le mental par l’intermédiaire des sens)
46 Par là surviennent les grandes réalisations : petitesse etc… (Légèreté, lourdeur, grandeur, fluidité matérialisation et dématérialisation…) la perfection du corps et l’aisance de fonctionnement
par (la conquête des Bhûta)
47 Beauté, éclat, force, cohérence sont la perfection des corps.
48 Par Samyama sur leur pouvoir de perception, sur leur forme propre (Svarûpa), sur leur individualité (Asmitâ), sur leur cohérence (Anvaya), sur leur fonction survient la conquête des sens (Indriya)
49 Par là vient la rapidité du mental, la capacité d’action sans instrument
et la conquête de la matière primordiale (Pradhâna)
50 C’est seulement quand on sait distinguer le Purusha du Sattva que viennent la suprématie sur tous les états d’existence et l’omniscience
I
51 Par le non-attachement (Vairâgya) même envers cela, vient la destruction de la racine (Bîja) de l’esclavage et don la libération (Kaivalya)
52 Il faut éviter de se sentir attiré ou flatté par les avances des êtres célestes, car cela réveille l’indésirable
53 Par Samyama sur l’instant (Kshana) et sur son rythme (Krama) (d’apparition- disparition) vient la connaissance née du discernement (Viveka)
54 De cette manière on peut distinguer entre deux objets semblables
qui ne se différencient ni par l’espèce, ni par les caractéristiques, ni par le lieu
55 La connaissance née du discernement (Viveka) est transcendante
s’appliquant à tous les objets simultanément et au-delà des rythmes (Akrama)
56 La libération (Kaivalya) vient quand il y a la même pureté du Sattva et du Purusha.
KAIVALYA PADA IV
1 Les siddhi(pouvoirs) sont le résultat de la naissance
des herbes (des drogues)
des Mantra (sons efficaces reliés à des formations mentales)
de tapas (échauffement, suractivation)
ou de Samädhi (transe, état d’être particulièrement « centré »)
2 Le processus (Parinama) d’évolution des espèces vient de la vitalité de Prakriti
3 La cause instrumentale n’agit pas directement sur les tendances naturelles évolutives,elle consiste à enlever les obstacles, comme le fait le fermier.
4 Les esprits créés viennent du seul « petit moi » (Asmita)
5 Les activités (de ces esprits) sont variées, mais seul l’esprit (originaire) les contrôle tous
6 Parmi eux seul l’esprit né de Dhyâna (flot continu de conscience) est libre d’impressions
7 Les actes (Karma) pour le yogi ne sont ni blancs, ni noirs,
ils sont triple pour les autres (blancs, noirs, mixtes)
8 et ils manifestent les vâsanâ (désirs, tendances, trâces) qui trouvent des conditions favorables à leur maturation
9 même séparés par le type de naissance, le lieu (Desha), le temps (Kâla)
les (vâsanâ) ressortent toujours car les samskara (pulsions, dynamismes inconscients) sont semblables à la mémoire.
10 et elles sont sans commencement, le désir de vivre étant permanent
11 Parce qu’elles sont formées de cause et d’effet, d’objet et de support
quand cela disparaît, elles disparaissent
12 Le passé et le futur existent dans leur propre forme (Svarûpa) de par la diffèrence des sentiers
13 Manifestés ou subtils (Sûkshmâ), ils sont de la nature des Guna (3 modes fondamentaux de toute énergie)
14 Le principe (Tattva) de l’objet se trouve dans l’unité à l’intérieur des processus (Parinâma)
15 Une conception différente d’esprit pour un même objet donne deux façons d’être séparées
16 Ce qui ne veut pas dire qu’un objet ne dépende que d’un seul esprit (Chitta), ou alors, qu’est-ce qui existerait !
17 Un objet peut être connu ou inconnu de l’esprit, car celui-ci a besoin d’être coloré par lui.
18 Les vagues dans l’esprit (Chitta Vritti) sont connues parce que son seigneur, le Purusha, est immuable
19 Il (l’esprit) n’est pas lumineux par lui-même, car il est perceptible
20 Et il ne peut être les deux au même moment (illuminant et perçu)
21 Si l’on admet qu’un esprit (Chitta) est connu par un autre alors il faut une Buddhi de Buddhi (intelligence) et cela abouti à la confusion des mémoires
22 La connaissance qui résulte du fonctionnement propre de Buddhi (Sva-Buddhi) est accomplie quand la conscience assume cette forme par laquelle elle ne passe pas d’un stade à un autre
23 L’esprit coloré par le voyant et le vu englobe tout
(= le chitta ouvert à Prakriti dans la lumière du Purusha englobe tout)
24 En cela, quoique diversifié par d’innombrbres Vâsanâ (désirs, tendances, trâces)
Il agit pour un autre (pour le Purusha) car il agit en association
25 pour celui qui discrimine, cesse complètement le fait de demeurer (dans l’esprit) pour voir le plan de Atma
26 Alors, en vérité, l’esprit incliné vers le discernement (Viveka) se tourne la libération (Kaivalya)
27 Mais par moments (dans les intervales) remontent d’autres pensées (Pratyaya) contenu de l’esprit, conscience) dues à la force des Samskara (pulsions, dynamismes inconscients)
28 Leur élimination comme celle des Klesha (source de tourments) a été décrite
29 Le Darma Megha Samâdhi (S. qui fait pleuvoir les dons) vient par un total discernement (Viveka) quand est vécu le non attachement à travers même les plus hautes illuminations
30 d'où survient la cessation des sources de tourments (Klesha et des actions (Karma)
31 Alors tout voile et toute impureté disparaissent
et la connaissance devenant infinie, le connu (par l’esprit) est peu de chose
32 Les (3) Guna ayant donc rempli leur rôle, le déroulement (Krama) des processus arrive à son terme
33 La connaissance du rythme formé d’instants à lieu à la fin du processus (des Guna)
34 La connaissance profonde (Artha) du Purusha, vide des Guna revenues à leur propre source, est la libération (Kaivalya) ou encore demeurer fermement dans sa propre nature de pure Conscience- Energie (est aussi la libération. Fin.